25 avril 2024

Centres de services scolaires du Fer et du Littoral

La violence subie par le personnel de soutien scolaire de la région du Fer et le nombre de démissions augmente

La violence subie par le personnel de soutien scolaire au centre de services scolaire (CSS) du Fer touche près de quatre (4) personnes sur cinq (5) au niveau physique et plus de neuf (9) sur dix (10) au niveau des violences autres que physiques. Il s’agit d’une augmentation de ces deux types de violence depuis le sondage de 2022.

Au niveau des démissions du personnel de soutien scolaire, on remarque une augmentation de près de 40 % du nombre de démissions au CSS du Fer et de 50 % au CSS du Littoral au cours des cinq dernières années.

Ces deux constats inquiètent le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, à l’occasion de son passage à Sept-Îles pour rencontrer les membres du personnel de soutien scolaire qui travaillent aux centres de services scolaires du Fer et du Littoral.

Violence à l’école

La violence subie par le personnel de soutien scolaire ne cesse d’augmenter. Les données ont été obtenues par la firme Ad hoc recherche, en collaboration avec la FPSS‑CSQ.

Les élèves sont la source principale de ces incidents qui se traduisent par se faire lancer des objets (85 %), de recevoir des coups (84 %), d’entendre des cris à son égard (84 %), des blasphèmes ou des sacres (60 %), de recevoir des propos injurieux (49 %), et de subir des crachats, des égratignures et des éraflures (39 %).

« Dans ce contexte, il est inacceptable qu’en plus de ne pas être considérés et traités à leur juste valeur, les membres du personnel de soutien scolaire doivent subir de la violence physique et verbale qui les affecte durement. Il faut que ça cesse, il faut protéger le personnel de l’éducation », précise Monica Chiasson, présidente du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer (SERF‑CSQ).

Monsieur Pronovost ajoute : « Je vais avoir beaucoup de solutions à présenter au ministre de l’Éducation lors de la Journée d’échange sur la prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles le 24 mai prochain, je ne comprends pas pourquoi M. Drainville n’a pas déjà agi pour que les violences cessent ».

Déjà plus de 504 démissions du personnel de soutien scolaire en cinq ans dans la région de la Côte-Nord

Au cours des cinq dernières années et de l’année en cours, 504 membres du personnel de soutien scolaire ont démissionné des centres de services scolaires et des commissions scolaires de la région de la Côte-Nord. Ces données excluent les départs à la retraite. Elles ont été obtenues par la FPSS‑CSQ par le biais de demandes d’accès à l’information.

Éric Pronovost exprime une profonde préoccupation face à cette situation, il déclare : « Nous assistons à une crise importante en éducation. Ces démissions massives ont un impact sur la charge de travail des personnes qui restent en poste et sur la qualité des services que nous offrons. »

Les raisons des démissions

Les raisons derrière cette vague de départs massifs sont variées, souligne Mme Chiasson. « Le manque de reconnaissance, les conditions de travail précaires, le manque de ressources et la surcharge de travail sont autant de facteurs qui poussent le personnel de soutien scolaire à prendre la décision difficile de quitter leur emploi dans le domaine de l’éducation. »

Elle ajoute que cela met en péril la qualité des services offerts aux élèves. Les tâches accomplies par le personnel de soutien scolaire sont variées : de la gestion administrative à l’entretien des locaux, en passant par le soutien aux élèves en difficulté. Leur contribution est souvent discrète, mais elle est fondamentale.

La perte de personnes expérimentées et qui détiennent l’expertise est considérable. Lorsqu’il y a des démissions, il faut remplacer et former de nouveau. Il y a un coût important rattaché à cela, il faudrait aussi que le gouvernement en tienne compte.

La FPSS-CSQ appelle à une action urgente du ministre de l’Éducation pour résoudre cette crise. « Malgré les quelques gains obtenus dans les nouvelles conventions collectives, il reste plusieurs éléments sur lesquels il doit agir rapidement pour préserver l’intégrité de notre système d’éducation. Le personnel de soutien scolaire reste profondément préoccupé par le manque de services aux élèves au quotidien », insiste M. Pronovost. « Cela passe par une reconnaissance adéquate de leur contribution essentielle, nous sommes déterminants en éducation. »

Des emplois plus attrayants ailleurs

Monica Chiasson précise que des emplois plus attrayants sont offerts dans des entreprises de la région. « Plusieurs de nos membres, que ce soit des secrétaires, des ouvriers, des éducatrices spécialisées, ont démissionné de leur poste pour occuper un emploi ailleurs où ils sont assurés d’obtenir plus d’heures de travail, une charge parfois moins lourde pour un salaire souvent plus avantageux. Nos centres de services scolaires perdent ainsi une précieuse expertise », regrette la présidente du SERF-CSQ.

La Côte-Nord, comme d’autres régions, souffre de l’exode des jeunes. « Nous devons offrir des emplois à la hauteur de leurs attentes ici même, dans notre région. Les villes de Sept-Îles, Fermont, Port-Cartier et Blanc-Sablon sont particulièrement touchées par la pénurie de main-d’œuvre ». Madame Chiasson ajoute que des efforts doivent être faits pour mettre fin à cette pénurie, dans l’intérêt des élèves et du personnel.

Un sondage récent, réalisé par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), démontrait d’ailleurs que 48 % des membres du personnel de soutien scolaire doivent travailler durant les pauses, l’heure du dîner ou prolonger leur journée de travail pour faire face à leurs tâches et responsabilités, qui augmentent sans cesse. Pas surprenant que plus de 80 % des travailleuses et travailleurs se disent exténués.