Un « break » syndical? Non, vous avez choisi l’affrontement!



9 septembre 2025
Voici une lettre d’Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).
La semaine dernière, nous avons dénoncé, une fois de plus, les compressions budgétaires en éducation, mais surtout les effets sur les élèves et le personnel de soutien scolaire que nous représentons. Cela a visiblement choqué le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, qui n’a pas tardé à nous demander un « break » syndical dans une publication Facebook.
Ce à quoi nous répondons : NON! Non seulement nous ne lui accorderons pas de « break » syndical, mais nous allons lui livrer un affrontement, un vrai, à lui et à tous ses successeurs qui auront la même attitude. Depuis plusieurs années, nous voyons les ministres de l’Éducation se succéder et rien ne change. Quand va-t-on enfin donner à nos enfants une vraie chance de réussir et d’exploiter leur plein potentiel en répondant à leurs besoins au moment où ils en ont besoin?
Les membres du personnel scolaire tiennent à bout de bras un réseau de l’éducation qui tombe en ruine année après année. Le gouvernement leur donne une petite lueur d’espoir en leur faisant miroiter qu’ils auront peut-être un peu plus de ressources humaines et matérielles pour vraiment effectuer leur travail comme il devrait être fait. Et puis pouf! Tous les espoirs disparaissent : la hache tombe une fois de plus dans le réseau de l’éducation.
Le gouvernement préfère mettre ses lunettes roses, manipuler les chiffres et la population en lui faisant croire que tout va bien, qu’il investit en éducation, car c’est leur priorité « prioritaire », qu’il construit de belles écoles et que les salaires du personnel scolaire ont augmenté.
Mais la réalité est tout autre! Ça ne va pas bien! Le nombre d’élèves augmente constamment et ceux en difficulté encore plus. On manque de place dans les écoles, plusieurs tombent en ruine. Les salaires ont été augmentés, mais le nombre de membres du personnel a considérablement diminué, alourdissant énormément la charge de travail sur ceux qui restent, tout en leur interdisant de faire une minute de plus qui pourrait faire une réelle différence dans la qualité du service à rendre aux élèves. C’est ça la réalité, la vraie. Et il faudrait se taire? Pas tant que nous serons là!
Ça suffit pour les membres du personnel de soutien scolaire de jouer aux pompières et aux pompiers pour éteindre des feux. Avec les dernières compressions budgétaires, le ministre de l’Éducation leur a enlevé l’eau et leurs boyaux d’arrosage, tout en exigeant de ne pas laisser l’école brûler. C’est une mission impossible!
Nous lançons donc un profond cri du cœur aux dirigeants actuels et futurs de notre gouvernement : l’éducation mérite une vraie réflexion de société. Une réflexion où l’on analysera tout ce que nous avons fait depuis la Commission Parent dans les années 1960 en tenant compte de l’évolution de la société. Nous avons tous ensemble le devoir de tenir compte des recommandations des différents rapports au fil des ans (Vérificateur général, Conseil supérieur de l’éducation, Protecteur du citoyen et Commission spéciale sur le droit des enfants, notamment), qui aurait pourtant dû alerter les dirigeants passés et actuels, afin d’établir de nouvelles normes minimales pour notre réseau de l’éducation.
Il faut envisager l’éducation de la petite enfance à l’université et surtout cesser le travail en silo et se concerter réellement, pas juste en théorie.
Sachez-le, plus rien ne nous arrêtera! Nous ne comptons pas nous battre seuls pour faire respecter les droits des élèves, des parents et du personnel de soutien scolaire. Nous devons rester unis à travers les défis.
Au Québec, nous avons fait le choix de permettre à chaque personne de développer son plein potentiel. Il est temps que le gouvernement cesse d’ignorer ce choix de société. Gérer les écoles en fonction d’un budget, plutôt qu’en fonction des besoins humains, c’est condamner le réseau à rester dans cette roue infernale qui ne répond pas aux besoins des élèves.
Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)