Crise du gel d’embauche : le personnel de soutien scolaire à bout de souffle
26 novembre 2025
La Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) a tenu un Facebook Live pour présenter l’ampleur des impacts du gel d’embauche et des compressions imposées par le gouvernement Legault. Témoignages, chiffres et retombées : le portrait qui se dégage est celui d’un réseau en tension extrême.
Facebook Live avec Éric Pronovost et Dominic Latouche, respectivement président et vice-président aux relations du travail et à la vie professionnelle à la FPSS-CSQ sur les conséquences du gel d’embauche en éducation et ses répercussions concrètes.
Un revirement politique majeur
En 2018, François Legault promettait de faire de l’éducation sa grande priorité. Or, depuis 2024, les mesures gouvernementales se succèdent : gel de recrutement, cibles d’optimisation, compressions dans les allocations de base et annulations de projets scolaires.
« Le gouvernement a changé de discours en cours de route. Le même premier ministre qui dénonçait l’austérité en 2014 applique aujourd’hui des mesures encore plus sévères. » rappelle Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.
Extrait du discours d’ouverture de François Legault à la 42e législature à l’Assemblée nationale
Des compressions massives et répétées
Entre septembre 2024 et septembre 2025, le réseau scolaire a été frappé par près de 2,9 milliards de dollars en coupes potentielles.
Durant cette période, les organismes scolaires ont reçu 27 lettres les informant de réductions budgétaires.
Au cours des seuls quatre premiers mois suivant l’adoption de la convention collective, 1,6 milliard avait déjà été retranché.
Des milieux de travail en détresse : “On tient avec ce qui reste”
Le Facebook Live a mis en lumière plusieurs témoignages révélateurs de la détresse vécue sur le terrain.
« Notre petite flamme intérieure s’éteint rapidement. Nous manquons de motivation et de compréhension face à nos supérieurs. »
« Je suis seule TES au lieu de trois. Les élèves vulnérables ne reçoivent plus de soutien. Je remplace aussi la secrétaire ou le concierge. C’est impossible à tenir. »
« On ne remplace plus les départs à la retraite. Les dossiers s’empilent. Les conseillers pédagogiques doivent faire le travail administratif seuls. »
« Les espaces communs sont plus sales, les bris et le vandalisme augmentent. »
« I now feel like a punching bag. »
Ces témoignages dressent un tableau commun : surcharge, augmentation de la violence, détérioration des services aux élèves, perte de sens au travail.
Le nombre de TES en chute libre
Les données du Tableau de bord de l’Éducation confirment l’ampleur du recul :
- 14 mai 2025 : 19 176 TES en équivalent temps complet
- 29 septembre 2025 : 17 085 TES
Une diminution vécue en pleine montée du nombre d’élèves et d’élèves en difficulté (HDAA), ce qui accentue la pression sur les ressources restantes.
Une réponse à la ministre de l’Éducation Sonia LeBel qui mentionne qu’il n’y a pas de baisse de TES dans les écoles.
Des mesures budgétaires qui créent l’asphyxie
Trois mesures ont particulièrement affecté les milieux :
- 16032 – Atteinte de l’équilibre budgétaire
- 16034 – Optimisation des effectifs (cible d’ETC)
- 16036 – Réinvestissement conditionnel
Dominic Latouche, vice-président aux relations du travail et à la vie professionnelle à la FPSS-CSQ souligne que ces règles « forcent les organismes scolaires à réduire les heures, même quand les besoins augmentent. Bien que la mesure 16034 ait été retirée, les organismes doivent encore respecter leur cadre budgétaire et suivre les ETC avec rigueur ».