14 juin 2024

La violence subie par le personnel de soutien scolaire aux centres de services scolaires (CSS) des Draveurs et des Portages-de-l’Outaouais est importante. Elle touche près d’une (1) personne sur quatre (4) dans ces deux organismes scolaires. On remarque également un nombre élevé de démissions du personnel de soutien scolaire dans la région de l’Outaouais, au cours des cinq (5) dernières années.

Lors de son passage dans la région, dans le cadre de la tournée pour souligner les 25 ans de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), son président, Éric Pronovost, s’est dit inquiet. Il en profite pour rencontrer les membres du personnel de soutien scolaire qui travaillent dans ces deux CSS.

Violence physique et autre que physique

Au CSS des Draveurs, la violence physique atteint deux (2) personnes sur cinq (5). Au CSS des Portages-de-l’Outaouais, il s’agit d’une (1) personne sur six (6). En ce qui concerne la violence autre que physique, elle touche une (1) personne sur quatre (4) dans les deux CSS.

Les élèves sont la principale source de violence

Les élèves sont la source principale de ces incidents. Au niveau physique, les incidents les plus répertoriés sont de recevoir des coups et de se faire lancer des objets. Pour les agressions autres que physiques, ce sont des cris, des blasphèmes, des sacres et des propos injurieux.

« La violence envers le personnel de soutien scolaire est inacceptable, et ce dernier doit être considéré et traité à sa juste valeur, cela l’affecte durement. Il faut que ça cesse, il faut protéger le personnel de l’éducation », précise Kim Lafleur Lauriault, présidente du SSSO-CSQ.

Déjà plus de 800 démissions du personnel de soutien scolaire en cinq (5) ans dans la région de l’Outaouais

Au cours des (5) cinq dernières années et de l’année en cours, 807 membres du personnel de soutien scolaire ont démissionné des centres de services scolaires de la région de l’Outaouais. Il s’agit de 265 démissions au CSS des Draveurs et de 390 démissions au CSS des Portages-de-l’Outaouais. Ces données excluent les départs à la retraite. La FPSS-CSQ a obtenu ces données par le biais de demandes d’accès à l’information auprès de cinq (5) organismes scolaires de la région, car deux (2) n’y ont pas répondu.

Éric Pronovost exprime une profonde préoccupation face à cette situation, il déclare : « Nous assistons à une crise importante en éducation. Ces démissions massives ont un impact sur la charge de travail des personnes qui restent en poste et sur la qualité des services que nous offrons. »

Les raisons des démissions

Les raisons derrière cette vague de départs massifs sont variées, souligne Mme Lafleur Lauriault, présidente du SSSO‑CSQ. « Le manque de reconnaissance, les conditions de travail précaires, le manque de ressources et la surcharge de travail sont autant de facteurs qui poussent le personnel de soutien scolaire à prendre la décision difficile de quitter leur emploi dans le domaine de l’éducation ». Elle ajoute « que notre proximité géographique avec la province de l’Ontario amène un exode du personnel de soutien scolaire vers cette région où les conditions de travail sont plus avantageuses ».

Monsieur Pronovost ajoute que « cela met en péril la qualité des services offerts aux élèves. Les tâches accomplies par le personnel de soutien scolaire sont variées : de la gestion administrative à l’entretien des locaux, en passant par le soutien aux élèves en difficulté. Leur contribution est souvent discrète, mais elle est fondamentale. »

La perte de personnes expérimentées qui détiennent l’expertise est considérable. Lorsqu’il y a des démissions, il faut remplacer et former du nouveau personnel. Il y a un coût important rattaché à cela, il faudrait aussi que le gouvernement en tienne compte.

La FPSS-CSQ appelle à une action urgente du ministre de l’Éducation pour résoudre cette crise. « Malgré les quelques gains obtenus dans les nouvelles conventions collectives, il reste plusieurs éléments sur lesquels il doit agir rapidement pour préserver l’intégrité de notre système d’éducation. Le personnel de soutien scolaire reste profondément préoccupé par le manque de services aux élèves au quotidien », insiste M. Pronovost. « Cela passe par une reconnaissance adéquate de leur contribution essentielle, notre rôle est déterminant en éducation. »

Des emplois plus attrayants ailleurs

Kim Lafleur Lauriault précise que « plusieurs de nos membres abandonnent leur poste pour joindre la fonction publique municipale, provinciale et fédérale, car nous sommes moins compétitifs pour attirer et retenir le personnel. Que ce soient des secrétaires, des ouvrières ou ouvriers, des éducatrices ou éducateurs spécialisés, ils sont assurés d’obtenir plus d’heures de travail, une charge parfois moins lourde pour un salaire souvent plus avantageux. »

Elle conclut que « le salaire moyen du personnel de soutien scolaire, en Outaouais, est de 24 705 $, alors que le revenu viable, dans notre région, est de 38 146 $ pour une personne vivant seule et de 50 052 $ pour une famille monoparentale avec un enfant. C’est nettement insuffisant pour vivre décemment. »